Le stress nous a bien aidés en tant qu’espèce.
Nous avons survécu et évolué grâce au mécanisme du stress. Ce mécanisme est censé nous sauver la vie quand un danger menace notre vie - la réaction de survie (“fuire ou combattre”) était bien utile aux hommes préhistoriques quand ils rencontraient un animal dangereux. Mais dans la vie moderne, le danger est ailleurs : bien que le risque de se faire manger par un animal soit presque nul, nous vivons dans un état de tension et d’alerte permanent. C’est dans cet état que nous nous mettons en étant constamment connectés aux réseaux sociaux, par exemple. Le stress continu de la vie moderne est devenu la norme et il se retourne contre nous.
Le corps répond au stress via le circuit du stress (l’axe hypothalamo - hypophyso - surrénalien) qui va initier la cascade hormonale du stress dans de multiples organes et systèmes de l’organisme.
Le corps réagit au stress via l'axe HPA (axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien) qui déclenche une cascade hormonale de stress dans plusieurs organes et systèmes.
Un chien vous aboie dessus quand vous passez près de lui. Ou vous êtes sur le point de parler en public. En l’espace de quelques millisecondes seulement, une cascade hormonale déclenche la mécanique qui met votre corps dans un « état d’urgence ».
Pour sauver votre vie, votre corps doit immédiatement produire plus d'énergie : plus de glucose est mis en circulation à partir des réserves du foie, plus de sang et d’oxygène sont pompés vers le cœur et les muscles.
Les fonctions qui, elles, ne sont pas immédiatement utiles à la survie, comme la digestion, la reproduction, ou l’immunité fonctionnent alors au ralenti. Vous sentez votre coeur dans votre gorge, vous avez la bouche sèche, les mains moites, vos sens sont aiguisés (en une seconde, vous aurez repéré la seule sortie possible) et vous ressentez un vrai boost. Vous êtes en alerte maximale.
Ce mécanisme du stress est conçu de manière intelligente. Il a une durée de vie limitée : une fois que le danger est passé, les hormones du stress sont censées revenir à la normale. Le cœur va donc se calmer, votre pouls et la tension artérielle vont revenir à leurs niveaux normaux, tout comme l’activité des autres organes et systèmes.
Ce type de réponse au stress (ponctuel) peut être bon pour vous car il peut vous aider à faire face à une situation imprévue et dangereuse..
Mais il n’y a pas tous les jours un méchant chien qui voudrait vous mordre. Et cela tombe bien car le système qui nous met en « état d’urgence » n’est pas conçu pour être tout le temps allumé
Si vous êtes exposé trop souvent à des situations stressantes, sans laisser au corps le temps nécessaire pour récupérer, vous allez accumuler trop de tension liée au stress. Cette accumulation de stress est néfaste car peut perturber presque toutes les fonctions physiologiques de votre organisme. Ceci vous met à risque de développer différents problèmes de santé.
Par exemple, un excès de cortisol va affecter plusieurs régions du cerveau, en particulier celle du cortex préfrontal, qui est l’aire du cerveau la plus sensible au stress. Ceci est d’autant plus important car le cortex préfrontal est la zone la plus « évoluée » de notre cerveau, celle qui régule nos pensées, nos émotions et nos actions, en relation étroite avec d’autres régions du cerveau, en créant une sorte de « croquis mental ». Ceci explique pourquoi, avec un stress chronique, nos émotions, nos comportements, et notre capacité à prendre les bonnes décisions, sont affectés.
Ces réactions face au stress diffèrent bien sûr d’une personne à l’autre et peuvent être influencées par l'expérience de vie (par exemple, des événements traumatiques peuvent nous rendre particulièrement vulnérables à certains types de stress) Mais la génétique a aussi son mot à dire là-dedans : en effet, plusieurs gènes interviennent dans le mécanisme de réponse au stress. Pour autant, pas de fatalité ici : les gènes ne signent pas votre destin (en dehors de quelques maladies génétiques rares).
Pour faire face à un stress, les niveaux des différentes hormones et autres molécules changent, notamment celles secrétées par les glandes surrénales, « les glandes du stress » par excellence. Les surrénales sécrètent donc le cortisol et des catécholamines (adrénaline, noradrénaline etc.) qui jouent un rôle essentiel dans la réponse du stress.
Toutes ces molécules du stress influencent aussi le niveau de glucose (le sucre), l’insuline et aussi le processus de l’inflammation.
De plus, le stress a son mot à dire aussi dans la remodelage des os et le métabolisme du muscle, et influence bien d’autres aspects encore: le mental, la concentration, la vitalité, la libido, le sommeil.
Tout le monde sait ce qu'est le stress, que trop de stress est ‘mauvais’ mais pas vraiment pourquoi et comment ces montagnes russes émotionnelles nuisent tant à notre santé et bien-être.
Pour comprendre l’impact réel de ces hormones du stress sur notre organisme, on doit s’appuyer sur autre chose que notre seul « ressenti ». La façon dont on perçoit le stress ne reflète pas forcément la biologie du stress.
C’est pourquoi, en mesurant les hormones du stress (pour vérifier si le circuit du stress - l’axe HPA fonctionne correctement), nous avons un outil précieux pour mieux comprendre comment votre organisme réagit au stress. Quand un stress arrive, la réponse au stress commence en un éclair avec la mise en route de la cascade des catécholamines, qui à leur tour vont déclencher une décharge de cortisol quelques dizaine de minutes plus tard, un effet qui va perdurer plusieurs dizaines de minutes, voire des heures.
Le cortisol est sécrété selon un rythme bien précis, sa courbe physiologique suit ces changements : il y a un pic de sécrétion le matin (la valeur la plus haute), environ 30-45 minutes après le réveil, et ensuite le niveau du cortisol doit descendre tout au long de la journée jusqu’au soir et puis, pendant la nuit, le niveau commence à nouveau à augmenter progressivement jusqu’au matin quand le cycle doit reprendre. Nous cherchons donc à savoir si ce rythme de sécrétion du cortisol est normal car cela va influencer d’une manière considérable la réponse au stress, le sommeil et aussi le métabolisme du sucre, entre autres choses.
De plus, on va regarder aussi de plus près ce pic du cortisol (ce que l’on appelle en anglais CAR- le cortisol awakening response- en français, cela peut être appelé la “ RCR”- la réponse du cortisol au réveil) qui a lieu entre 30 et 45 minutes après avoir été éveillé; ce pic de sécrétion du cortisol est un point de référence crucial pour un rythme circadien de cortisol sain. De nombreuses études montrent une corrélation entre CAR et le stress, les troubles affectifs, la dépression et d’autres risques de santé.
Le cortisol affecte en général la capacité de l’organisme à s’adapter aux stimuli. Une des fonctions importantes du cortisol est d’activer le métabolisme et de mobiliser l'énergie des réserves. Le cortisol influence le stress émotionnel, la pression artérielle, l’immunité et la formation de la mémoire, entre autres fonctions importantes.
La DHEA est produite à partir du cholestérol, principalement dans les glandes surrénales, les mêmes glandes qui sécrètent aussi le cortisol. La DHEA équilibre la réaction au stress causée par le cortisol (elle augmente la tolérance au stress).
La production de la DHEA décroît progressivement avec l'âge, dès 25 ans. La DHEA, c’est également une matière première pour les hormones sexuelles, la testostérone et les oestrogènes, contribuant ainsi au bien-être et à la vitalité de l’individu.
La DA, composante du système dopaminergique, agit surtout d’une manière stimulante. Il est important pour la coordination, le mouvement, la mémoire et l’apprentissage et aussi pour la concentration et la performance mentale. De plus, avec la sérotonine, il a un effet boostant et régule ce qu’on appelle le système de la récompense et, par conséquent, nos
L’acide homovanillique (HVA est un des principaux métabolites des catécholamines, associés avec les niveaux de DA dans le cerveau. Le stress chronique altère la voie des catécholamines, ce qui peut aussi avoir un impact sur le niveau de HVA.
Le HVA est typiquement élevé lorsqu'il y a une tumeur sécrétante des catécholamines, qui sont heureusement assez rares et la plus part, bénins. Les niveaux de HVA peuvent être aussi la conséquence des déséquilibres du métabolismes des catécholamines (du dysfonctionnement des différentes enzymes comme le déficit en monoamine oxydase-A (MAO-A) ou DA beta-hydrolase.
Lors d’un événement stressant, l’adrénaline fait en sorte que les muscles et le cerveau reçoivent au plus vite l’énergie suffisante pour faire face à cette situation. Elle aura donc comme effets l’augmentation du volume respiratoire, de la tension artérielle et de la fréquence cardiaque; par ailleurs, l’adrénaline va aussi augmenter l’état d’alerte, de vigilance et d’activité mentale, avec plus de motivation et le désir de performer.
Mais d'un autre côté, il inhibe la digestion et l'activité sexuelle.
La noradrénaline a comme effet l’augmentation de la pression artérielle, de l’état d’alerte, de la concentration, l’envie de performer, mais augmente également la motivation et les fonctions motrices. Elle interagit aussi avec d’autres hormones du métabolisme glucidique et lipidique.
La sérotonine est un important messager dans le cerveau (il fait partie de la famille des molécules appelées “neurotransmetteurs”), mais qui se trouve également dans le système nerveux de l'intestin et dans des plaquettes (composants du sang qui jouent un rôle dans la coagulation). La sérotonine est plus que tout responsable de nos émotions. En agissant en synergie avec l’adrénaline et la dopamine, elle améliore l’humeur et la motivation. Cependant, elle a aussi un effet relaxant, provoquant le sommeil et jouant un rôle d’antidépresseur. De plus, la sérotonine participe à la régulation de la satiété et de la sensibilité à la douleur. Des fonctions importantes de l'intestin sont aussi affectées par la sérotonine.
Cette molécule (l’acide 5-hydroxyindole acétique) est un métabolite de la sérotonine (dans le foie, la sérotonine est transformée dans le 5-HIAA). Cette transformation est influencée par plusieurs cofacteurs, comme des vitamines du groupe B, manganèse et certains enzymes/gènes : ADH (aldehyde dehydrogenase) et MAO-A (monoamine oxidase A). Cette dernière est sensible à l’action des oestrogènes (des niveaux élevés d’oestrogènes inhibent MAO-A et des niveaux bas en augmentent l’activité, ce qui aurait comme effet un turnover augmenté de la transformation de la sérotonine en 5-HIAA. Cela peut entraîner des sueurs nocturnes, des bouffées de chaleurs, des symptômes dépressifs qui peuvent se manifester notamment à la ménopause mais pas uniquement.
Le VMA est un des métabolites de l’adrénaline et noradrénaline. Cette transformation est influencée par plusieurs cofacteurs (comme magnésium, cuivre, SAM (S-adenosyl méthionine), vitamine du groupe B et aussi des enzymes/gènes comme monoamine oxydase (MAO) ou catechol-O-methyltransferase (COMT).
L’insuline est la principale hormone du métabolisme glucidique, sécrétée par le pancréas, qui est censée réguler les niveaux de sucre dans le sang. Lorsqu'il y a un stress, la glycémie augmente sous l’action de l’adrénaline et du cortisol pour assurer rapidement le surplus d'énergie nécessaire. L’insuline doit donc gérer ce surplus rapide de sucre pour le surcroît d’énergie qui ne sera finalement presque jamais tout à fait consommé (il est rare qu’on court effectivement pour sauver sa vie). Avec des stress répétés (le stress chronique), on finit pour avoir quasiment tout le temps une glycémie élevée, ce qui entraînera petit à petit une résistance à l’insuline, avec des risques de diabète, maladies cardiovasculaires, surpoids/obésité etc.
Elles fonctionnent au ralenti en situation de stress. La baisse de la fonction thyroïdienne est en général accompagnée d’une fatigue matinale, prise de poids et moral plutôt bas.
Un stress prolongé peut conduire à une baisse de la libido et du désir, comme à un autre phénomène lié à un stress intense et prolongé, le dérèglement du cycle menstruel, voire sa disparition pendant un certain temps.
Lors d’un stress aigu, l’hormone de croissance peut augmenter légèrement (on se prépare pour la « réparation » des tissus au cas où on serait blessé au combat. Cependant, lors d’un stress chronique, cette croissance est stoppée car nous avons davantage besoin d’économiser l’énergie.